7 hectares de nature à investir au Grand Parc

A quoi le quartier du Grand Parc doit-il son nom ? A son parc. Au sens premier du terme. Les 12 000 habitants qui vivent dans les logements du quartier ont sous leurs fenêtres entre 7 et 8 hectares de nature.

A titre de comparaison, le parc Rivière fait 4 hectares, le Jardin Public 10 hectares.

« C’est un potentiel complètement sous-exploité aujourd’hui », admet la maire adjointe du quartier Anne-Marie Cazalet. Assimilés à des terrains vagues, entretenus de manière assez minimale, ces espaces naturels sont aujourd’hui plus traversés que fréquentés par les habitants. Personne ne vient non plus au Grand Parc pour profiter de l’ombre des dizaines d’arbres du quartier, des bancs et des jeux pour enfants.

« Ces espaces sont vécus comme une frontière, un peu comme la Garonne avant le réaménagement des quais, analyse l’élue. D’un côté il y a les habitants dans les résidences tournées vers les boulevards, de l’autre ceux dans les immeubles autour de la place de l’Europe. Nous souhaitons créer un trait d’union entre les deux. »

12 millions d’euros investis

Dans le cadre du renouvellement urbain du Grand Parc, un plan guide pour les espaces verts a été élaboré en 2014. « Nous avons travaillé à partir des besoins des habitants et identifié des trames à diverses vocations. » Ce plan prévoit une bande nourricière (jardins partagés), une bande sportive, une bande ludique (jeux d’enfants). Les prairies en bas des barres d’immeubles seront également réaménagées.

Sur le papier, tout est ficelé depuis quatre ans. Des études de sol sont venues contrarier le calendrier du projet. « On a découvert des pollutions en profondeur, explique l’élue. Cela présente peu de risque en surface, mais demande des précautions qui vont alourdir la facture. » La Ville de Bordeaux va consacrer dans les prochaines années 12 millions d’euros à l’aménagement des espaces verts du Grand Parc. « Il s’agit du plus lourd investissement de la mairie dans le renouvellement urbain du quartier. » La Salle des fêtes a coûté 7 millions d’euros, l’aménagement de la place de l’Europe 4,5 millions d’euros.

Nouveaux rapports à l’espace public

En juin dernier, l’agence de paysagistes Exit a été désignée pour assurer la maîtrise d’œuvre du chantier. Le réenchantement du parc devrait démarrer début 2019. Etant donnée la superficie à traiter, tout ne sera pas fait en même temps. « Les habitants donneront leur avis sur les secteurs à traiter en priorité, le mobilier, les jeux (¹). Tout n’est pas encore décidé », avance Anne-Marie Cazalet. Nouvelle signalétique et nouveaux éclairages sont également prévus.

Aménager des espaces publics pour en faire de nouveaux lieux de vivre ensemble et de lien social n’est pas gagné d’avance. « Aujourd’hui, on y voit des rodéos de motos, reconnaît-elle. Demain on souhaite que les habitants s’y rencontrent. Effectivement, le défi est énorme. Il y aura toute une pédagogie à mener sur la nature en ville et son importance. » Cela passera par des ateliers dans les écoles, des visites de chantier, des rencontres avec les paysagistes. Un projet de plusieurs années qui devrait impliquer tous les habitants du Grand Parc.